La voiture individuelle est en train de perdre sa signification en tant que symbole de statut social." Cette affirmation provient non d'une organisation écologiste, mais de l'assureur allemand Allianz, pourtant partenaire du mastodonte de l'automobile BMW, dans une étude intitulée "Allianz Risk Pulse", publiée le 23 mai.
On le sait, l'industrie automobile traverse une crise depuis quelques années, du moins en Occident, avec moins de voitures vendues et une circulation qui stagne. La France, avec 1,9 million de nouvelles automobiles immatriculées en 2012, a ainsi connu une baisse de 165 000 véhicules en cinq ans (- 8 %). Même tendance au Royaume-Uni (- 15 %), en Espagne (- 56 %) ou même aux Etats-Unis (- 3 %). Le "pic" des voitures a été dépassé, assure l'étude.
La crise économique qui touche l'Europe est évidemment responsable d'une partie de cette débâcle. En Allemagne, les prix de l'essence ont augmenté d'au moins 30 % depuis 2005. Au Royaume-Uni, le coût de l'automobile a été identifié comme la principale raison de ne pas en conduire une pour les jeunes générations.
EMPREINTE CARBONE
Mais ces raisons économiques n'expliquent pas tout. "On observe une stabilisation de la circulation automobile en Occident depuis 2000, alors qu'elle augmentait de manière continue auparavant, assure Charles Raux, chercheur (CNRS) et directeur du laboratoire d'économie des transports de l'université de Lyon II. Des changements dans les comportements de mobilité étaient donc déjà amorcés avant la crise, et cette dernière les a exacerbés."
"En matière d'achat de moyen de transport, les décisions des consommateurs tiennent désormais de plus en plus compte de questions telles que l'empreinte carbone et la responsabilité sociale", note Clem Booth, membre du directoire d'Allianz.
SMARTPHONES
Les citadins font ainsi davantage appel à l'autopartage et au covoiturage, devenus plus pratiques et plus attractifs grâce à la hausse du nombre de smartphones qui permettent de visualiser la localisation des voitures disponibles. Le nombre d'utilisateurs de ces deux modes de transport doit atteindre 5,5 millions en 2016 en Europe, selon une étude de 2010.
Les urbains utilisent par ailleurs davantage le vélo ou les transports publics et ont de plus en plus recours aux achats en ligne et à la livraison à domicile, ce qui limite les déplacements. Enfin, en Europe comme aux Etats-Unis, l'obtention du permis de conduire intéresse moins les jeunes.
"Pour la jeune génération, la voiture a un côté plus ringard et culpabilisant que par le passé. Il y a une vraie prise de distance vis-à-vis de l'automobile, note Charles Raux. Toutefois, hors des villes, le principe de réalité prime : la voiture est toujours reine pour trouver du travail. Cette contrainte reste néanmoins forte."
Selon le chercheur, ces changements de comportement devraient se renforcer à l'avenir, surtout s'ils sont "accompagnés" par les pouvoirs publics. "On connaît la solution : favoriser les transports en commun et limiter l'usage de la voiture, en posant la question de la taxe carbone sur les carburants et des péages urbains en ville."
Fonte: aqui
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